Notre lettre 1237 publiée le 15 juillet 2025
TRADITIONIS CUSTODES
QUATRE ANS DE MENSONGES ET DE MANIPULATIONS
CONTRE LA PAIX ET L'UNITÉ DANS L'ÉGLISE
ET MAINTENANT ???
Paix Liturgique – Cher Christian que voulez-vous dire avec ce titre que vous mettez en exergue de cet entretien ?
Christian Marquant – Que le motu proprio Traditionis custodes, qui fut publié il y a exactement 4 ans le 16 juillet 2021, fut une extraordinaire manipulation dans le but de tenter de régler une bonne fois pour toute la question de plus en plus grave du renouveau de ce que certains appellent les traditionalistes que je préfère nommer les catholiques fidèles.
Paix Liturgique - Mais pourquoi parlez-vous d’une manipulation ?
Christian Marquant – Tout simplement car ce motu proprio ne fut pas une décision prise par rapport à une réalité mais un coup-bas fondée sur un mensonge délibéré.
Paix Liturgique - Quel mensonge délibéré ?
Christian Marquant – Il vous suffit de lire le texte du motu proprio pour le comprendre… En effet, celui-ci se présente comme une réponse aux résultats de l’enquête réalisée par la congrégation de la doctrine de la Foi auprès des évêques de l'Eglise latine pour connaître leurs appréciations une dizaine d’année après la décision – et la mise en application - du motu proprio Summorum Pontificum, prise par le pape Benoit XVI le 7 juillet 2007.
Paix Liturgique - Mais cette enquête posait-telle un problème ?
Christian Marquant – Point du tout ! Il était même prévu dans le motu proprio SP qu'au bout d'un certain temps il serait effectué une sorte de bilan ou plutôt d'analyse des effets de cette décision.
Paix Liturgique - Mais alors où est donc le problème ?
Christian Marquant – Il n’est pas dans la réalisation tout à fait légitime de cette enquête mais dans l’interprétation des réponses qui en a été faite...
Paix Liturgique - Et qu'elle fut cette interprétation ?
Christian Marquant – Que pour la majorité des évêques qui s'étaient exprimés, l’application de Summorum Pontificum posait un grave problème pour l'avenir de l'Unité de l'Eglise ; ce qui bien sûr devait avoir pour effet d’en suspendre l'application pour protéger cette unité en danger.
Paix Liturgique - Mais alors…
Christian Marquant – Le vrai drame de cette manipulation fut que la " lecture" qui fut faite officiellement à Rome de cette enquête ne correspondait pas à la réalité...
Paix Liturgique - Comment le savez-vous ?
Christian Marquant – Il se trouve que dans l’entourage du cardinal Ladaria il y eu quelques fuites qui m’ont permis d’avoir accès des 2020 à la véritable synthèse de l’enquête… qui, loin de faire croire que l’application de Summorum Pontificum faisait courir un risque à l’unité de l’Eglise, affirmait que l’immense majorité des évêques qui avaient répondu (Et ils étaient très nombreux à y avoir participé par rapport à d'autres enquêtes du même type menées par le Saint-Siege depuis quelques années ) l’avait fait dans un esprit apaisé et se déclaraient largement en faveur de la décision prise par Benoît XVI. D’ailleurs, ce que j'avais lu a été confirmé par un article ultérieur de Diane Montana qui a du elle aussi avoir connaissance de la synthèse mais surtout par un livre à paraître écrit par Mgr Nicola Bux et Saverio Gaeta dont je vous parlerai tout à l’heure.
Paix Liturgique – Mais alors qui a pu mettre en œuvre cette manipulation ?
Christian Marquant – Les ennemis de la paix ! Car ils comprenaient qu’en usant de malice et bien sûr de malhonnêteté ils avaient là une chance, peut-être la dernière, de faire capoter l’œuvre de réconciliation mise en place par benoit XVI en 2007.
Paix Liturgique – Est-ce possible ?
Christian Marquant – Il y avait déjà eu un précèdent français de ce type de manipulation de la part de certains évêques français qui, au lieu de laisser chaque pasteur répondre en son âme et conscience, avaient essayé de proposer à Rome une réponse collective bien sur très négative.
Paix Liturgique – Comment le savez-vous ?
Christian Marquant – Si les ennemis de la paix existent bien, il se trouve aussi à tous les niveaux de l’Eglise des hommes justes et honnêtes qui sont scandalisés par la fourberie des méchants. Ainsi nous eûmes entre nos mains la négative synthèse aussi vite que ceux pour qui elle avait été rédigée et nous l’avons publiée ( Lien avec la Lettre 761 ) en en démontrant le caractère mensonger.
Paix Liturgique – Mais aussi à Rome il pouvait se trouver des personnes qui étaient prêtes et disposées à agir avec malhonnêteté pour nuire à la renaissance du mouvement traditionnel ?
Christian Marquant – Mais bien sûr aussi à Rome… où les ennemis de la paix découvraient dans les années 2018/2019 que la renaissance traditionnelle devenait un vrai problème pour l’avenir de leurs projets hérétiques.
Paix Liturgique – De quelle Renaissance parlez-vous ?
Christian Marquant – De celle qu’avaient révélée nos multiples sondages selon lesquels, dans tous les pays du monde, au moins un tiers des catholiques pratiquants ( ou non d’ailleurs) révélaient que si il en avait le choix ils préféreraient vivre leur foi catholique au rythme de la liturgie et du catéchisme traditionnels.
Paix Liturgique – Mais cela avait-t-il des conséquences réelles ?
Christian Marquant – Cette réalité, que les ennemis de la paix connaissaient, ils avaient tout fait pour la nier : « Ils n’existent pas » était malheureusement confirmé par le développement presque universel au début des années 20 de la liturgie traditionnelle.
Paix Liturgique – Un développement universel ?
Christian Marquant – Tout à fait car si pendant des décennies les ennemis de la paix aimaient à répéter que la messe traditionnelle n’avait de défenseurs qu’en France et ensuite aux Etats-Unis ils étaient obligés de constater qu’en 2019 la messe traditionnelle se développait vigoureusement dans plus de 90 pays de la planète.
Paix Liturgique – Dans plus de 90 pays…
Christian Marquant – Cela c’était en 2019 car aujourd’hui en 2025, malgré Traditionis custodes, la liturgie traditionnelle est célébrée désormais dans plus de 100 pays. C’est de cette contagion « traditionnelle » dont les ennemis de la paix avaient peur.
Paix Liturgique – Une Contagion Traditionnelle ?
Christian Marquant – Bien sûr car pour une immense proportion de fidèles le brouet liturgico-catéchétique que leur offre une église tiède est sans goût, sans saveur et sans âme mais par simple bon sens la sainteté et la catholicité de la liturgie traditionnelle et de son corollaire le catéchisme traditionnel ne peut que satisfaire la curiosité et l’appétit spirituels des fidèles mais aussi de très nombreux prêtres tant diocésains que religieux… surtout à l’ère de l’Internet.
Paix Liturgique – En quoi l’internet joue-t-il un rôle dans cette affaire ?
Christian Marquant – C’est très simple, avec l’Internet la publicité des faits, des idées, des informations n’a plus de limite, plus de barrière, plus de frontière et la curiosité aidant maintenant il est possible de découvrir la foi catholique sur internet de tous les endroits du monde… ce qui n’était pas vrai il y a 50 ans, 40 ans, 30 ans ou même 20 ans ou ces informations étaient verrouillées par les ennemis de la Paix. A partir de là c’est une véritable trainée de feu catholique qui se répand sur tous les peuples de la planète engendrant un développement illimité de la liturgie traditionnelle et c’est sans doute cela qui a commencé à faire peur aux ennemis de la Paix…
Paix Liturgique - Et c’est ainsi qu’ils ont mis en œuvre cette odieuse manipulation ?
Christian Marquant – Tout à fait, car à mon avis c’était leur dernière chance en profitant du pontificat d’un François vieillissant.
Paix Liturgique - Mais c’est le pape François qui a signé ces textes fondés sur une lecture mensongère de l’enquête auprès des évêques ?
Christian Marquant – Je ne pense pas que le pape François, qui sur ce sujet s'est souvent montré ambigu, ait été à l’origine de cette fraude ; mais disons qu’il fut plutôt le dupe de certains de son entourage qui lui ont fait croire que le monde traditionnel, qui n’existait pas vraiment, commençait à devenir un danger pour l’Eglise et qu’un bon coup d’autorité le ferait disparaître.
Paix Liturgique - A peine croyable ! Comment pouvaient-ils espérer que cela fonctionnerait ?
Christian Marquant – Rappelez-vous la vidéo du père Paul-Adrien “ allez les gars fini de jouer maintenant il vous faut obéir et rentrer dans le rang ». C’est probablement dans ce sens que François, qui n’était probablement pas à l’origine de ce coup bas, a toutefois laisser faire les choses.
Paix Liturgique - au minimum ! car le pape par deux fois au moins a pris le parti des méchants.
Christian Marquant – En effet et surtout lors de sa rencontre avec les jésuites slovaques.
Paix Liturgique - Mais les coups les plus violents sont venus de l’étrange cardinal Roche…
Christian Marquant – Sans doute que le cardinal Roche a tenté de doubler le pape mais ce n’était pas dans le caractère de François d’accepter de se faire manipuler et la suite est assez révélatrice.
Paix Liturgique - Quelle suite ?
Christian Marquant – Que le pape a fini par recevoir les représentants communautés religieuses traditionnelles et leur a permis de poursuivre leurs charismes ce qui était en soi un énorme camouflet adressé aux ennemis de la Paix qui avaient essayé de le manipuler.
Paix Liturgique - Mais qui étaient ces ennemis de la Paix ?
Christian Marquant – Ils sont de plusieurs catégories ces ennemis de la paix. Il y a bien sûr des prélats issus de ce que l’on nomme « la mafia de Saint-Gall » qui par derrière ont tiré les ficelles du néo-modernisme depuis des décennies. Mais nous avons publié également au moment du conclave de nombreux documents qui illustrent les actions d’hostilité à un retour des formes traditionnelles dans l’Eglise des cardinaux Ouellet et Parolin ou encore Mgr Viola, le secrétaire de la congrégation, personnage très hostile. Mais ces joueurs d’échecs, ces tireurs de ficelles, sont par nature des hommes discrets, des hommes de l’ombre qui préfèrent laisser agir sur le devant de la scène des laïcs moins vulnérables et surtout bien plus libres qu’eux-mêmes.
Paix Liturgique – Auriez-vous quelques exemples ?
Christian Marquant – Je me contenterai d’un seul en évoquant Andréa Grillo, professeur à l’Athénée pontifical Saint-Anselme de Rome
Paix Liturgique – Le Grillo dont vous avez parlé récemment à propos de ses critiques de la canonisation de Carlo Acutis et le même qui plus récemment encore a critiqué les processions de la Fête-Dieu du Pape Léon XIV lui-même ?
Christian Marquant – Tout à fait, mais il faut se souvenir que le professeur Andréa Grillo n’est pas un perdreau de l’année. Cela fait de nombreuses années que ce personnage, qui reste malgré tout un électron libre dans le cadre de l’Athénée pontifical Saint-Anselme , œuvre publiquement contre toutes les actions de paix notamment celles qui redonneraient un statut « normal » au missel traditionnel.
Paix Liturgique – Mais pourtant le pape François avait donné des gages de Paix à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X ?
Christian Marquant – C’est tout à fait ce que j’affirmais précédemment et je me permets de préciser que le Saint-Père, et même le pape François ont été obligé de pondérer alors que les ennemies de la Paix n’ont pas d’autres objectifs que de tout faire pour éliminer complètement tout retour de la tradition et même toute survie de la tradition.
Paix Liturgique – Comment voyez-vous l’avenir ?
Christian Marquant – Permettez-moi d’y répondre d’une manière globale et générale et non circonstancielle.
Paix Liturgique – C’est à dire indépendamment du nouveau souverain Pontife...
Christian Marquant – Tout à fait. Alors permettez-moi de formuler un constat désormais assez facile : l’église moderniste qui est une église présente essentiellement en occident, est moribonde, aux abois, presque morte...
Paix Liturgique – Nous le voyons bien au travers de la chute spectaculaire des vocations.
Christian Marquant – Détrompez-vous cependant car pour les modernes, pour les ennemis de la Paix, la chute des vocations n’est pas un problème et ma foi ils se verraient bien avec une église sans prêtre. Non, leur problème principal est celui des moyens et de l’argent. Il suffit de scruter les bilans des diocèses comme ceux du Vatican pour constater que c’est LEUR VRAI PROBLEME.
Paix Liturgique – Pourquoi ?
Christian Marquant – C’est très simple, le manque d’argent signifie pour les ennemis de la Paix plus de moyens pour faire vivre leur institution, plus de moyen pour embaucher des supplétifs laïcs ou religieux, plus de moyen pour s’assurer une place dans le monde de la communication et de l’internet.
Paix Liturgique – Mais il leur reste peut-être des fidèles ?
Christian Marquant – Que leur reste-t-il comme fidèles alors que la pratique religieuse est passé de 25 % à moins de 2 % en 50 ans, et encore faut-il savoir que moins les fidèles sont nombreux plus les silencieux – c’est-à-dire les crypto-traditionnalistes – sont nombreux.
Paix Liturgique – Mais en France par exemple près de 20 % des enfants sont scolarisés dans des écoles officiellement catholiques ».
Christian Marquant – Mais qui pour la plupart de le sont plus ou très peu.
Paix Liturgique – Mais alors quel avenir ?
Christian Marquant – Traditionis custodes a montré ses limites et j’ose espérer que même si ce texte odieux n'était pas abrogé il va certainement tomber aux fond des oubliettes. Pendant ce temps, le monde traditionnel qui n’a pas beaucoup souffert de Traditionis custodes, va continuer à se développer, sans doute avec une plus grande bienveillance de certains évêques et pourquoi pas du Saint-Père Lui-même.
Paix Liturgique – Du Saint-Père lui-même ?
Christian Marquant – Voyez-vous, il faudra bien qu’un jour nos pasteurs finissent par nous aimer comme nous sommes et devenir cohérents. Quand François répète TODOS, TODOS, TODOS, comme un mantra, le bon sens voudrait que cela ait au moins un peu de signification. Et lorsque Léon XIV débute son pontificat par le mot « Paix » l’on peut espérer comme catholique que cela va avoir au moins une petite signification et celle-ci pourrait passer par un changement d’attitude du pape et des évêques qui simplement nous laisseraient vivre tranquillement et complètement notre Foi catholique au rythme de la liturgie traditionnelle, du catéchisme traditionnel c’est à dire de la foi traditionnelle bimillénaire de L’Eglise du Christ.
Paix Liturgique – Une dernière question : toute votre analyse de la situation et de l’avenir s’appuie sur votre conviction que Traditionis custodes a été mis en place à partir de la manipulation des résultats de l’enquête auprès des évêques mais est-ce certain ?
Christian Marquant – Je vais donc terminer en vous livrant une très bonne nouvelle : la synthèse de l’enquête avec tous ses résultats va être publiée dans quelques mois et sera présentée à l’occasion de la prochaine rencontre Pax liturgica qui se déroulera à Rome la veille de notre 14ème pèlerinage Summorum Pontificum. Un premier élément marquant est le taux de réponses élevé, de l’ordre de 35%, nettement au-dessus de la moyenne habituelle des questionnaires adressés aux évêques. Nous pouvons en tirer une première conclusion : les évêques du monde entier se sentent concernés par la question de la messe traditionnelle et ils souhaitent la Paix Liturgique.