Notre lettre 1295 publiée le 31 octobre 2025

À ROME LES 7 LEÇONS

DU XIVÈME PÈLERINAGE

SUMMORUM PONTIFICUM "AD PETRI SEDEM"

ET DE LA RENCONTRE PAX LITURGICA





Le 24 octobre 2025 s'est déroulée dans les locaux de L'Augustinianum à Rome la 10ème Rencontre Pax Liturgica tenue dans le cadre du XIVème pèlerinage Summorum Pontificum "ad Petri Sedem". Ces évènements réunissent depuis 2011 des fidèles venus du monde entier qui veulent rendre hommage au Pape Benoit XVI qui, après tant de conflits, a mis en oeuvre le début de la Paix Liturgique par la publication de son motu proprio Summorum Pontificum. Nous vous présentons aujourd'hui 7 leçons à en tirer.


Leçon n°1 : La jeunesse et le nombre

« Les places de la ville seront remplies de jeunes garçons et de jeunes filles. » Zacharie 8, 5

De toutes les éditions de la journée Pax Liturgica et du pèlerinage Summorum Pontificum, jamais les organisateurs n’avaient dû faire face à une telle affluence. De la basilique San Lorenzo in Lucina à la basilique Saint-Pierre, de nombreux fidèles eurent du mal à se frayer un chemin et durent s’asseoir par terre. Dans la procession du samedi 25 octobre, les photos témoignent sur la via della conciliazione de la jeunesse de l’assistance. Si l’envoyé spécial permanent de La Croix à Rome, Mikael Corre, parle de près d’un millier de fidèles (la police italienne estimera de son côté la colonne des pèlerins à trois mille personnes), il ne nie pas la jeunesse qui se dégage de cette foule. Andrea Mattana, 27 ans, Hélène Frelon et Pauline Phelippeau, la vingtaine, une famille de Lyon, tous interrogés dans le quotidien français, permettent de se faire une idée juste de la moyenne d’âge. D’autant plus que l’événement coïncidait avec le jubilé des équipes synodales qui rassemblait péniblement, le même week-end, 2000 participants censés venir des diocèses du monde entier. Il est permis de noter, là encore en regardant les photos de jubilé des équipes synodales, une moyenne d’âge allant du grisonnant à la calvitie établie. La pastorale des chiffres a ses limites, nous l’admettons bien volontiers, mais il faut tordre cependant le cou à l’idée dont certains peinent à sortir : non, l’univers traditionnel n’est pas l’agglomérat d’un résidu de nostalgiques. En le regardant en vérité, c’est la jeunesse et son dynamisme, au contraire, qui transparaît.


Leçon n°2 : La dimension internationale

« Venant de toutes nations, tribus, peuples et langues, ils se tenaient debout devant le trône et devant l’agneau » Apocalypse 7, 9

Les 27 associations attachées à la défense de la liturgie traditionnelle témoignent que l’amour de l’usus antiquior n’a pas de frontière. Rien n’est plus faux que de réduire l’amour de la messe de saint Pie V à de seules préoccupations franco-américaines. Lors de ce 14ème pèlerinage Summorum Pontificum, on a ainsi vu des Ivoiriens, des Philippins, des Brésiliens croiser des Espagnols, des Nigérians, des Allemands. Du Sierra-Leone ou de Pologne, de l’au-delà du Pacifique ou des confins du golfe du Bengale, tous les continents étaient représentés formant une catholicité à l’état pur et offrant une photo de famille authentique de la Tradition, sans retouche ni recours à l’IA. Comme l’exprimait un participant : « Le latin, ça unit ! »


Leçon n°3 : Le clergé à nouveau présent

« J’ai donné les lévites en don à Aaron et à ses fils pour qu’ils accomplissent le service de la tente de la rencontre au nom des fils d’Israël » Nombre 8, 19

Force est de le constater, un pontificat chasse l’autre. Il ne s’agit pas ici d’affirmer que Léon XIV enterre ce que François a pu initier ça ou là, dans tel registre ou tel autre domaine. La prudence est de mise et le vaticaniste Jean-Marie Guénois ne manque pas d’attirer l’attention de ses lecteurs sur le fait de ne pas tirer des conclusions trop rapides sur l’autorisation de cette messe traditionnelle dans la basilique majeure du Vatican, sur l’autel de la chaire de saint Pierre. Il n’empêche que la mention qui est faite par le très sérieux Washington Post suggère l’esprit d’une détente. En effet, le quotidien américain rapporte les propos de l’un des maîtres des cérémonies papales, Mgr Marco Agostini : « Le cardinal Burke avait sans aucun doute le feu vert du sommet : clairement, parce que le pape a dit : “Laissez-les le faire” ». Ce laisser-faire bienvenu a légitimement et heureusement décomplexé de nombreux clercs à venir entourer le cardinal Burke et assister à la cérémonie. Alors que, ces dernières années les clercs se raréfiaient afin d’échapper aux critiques ou aux dénonciations calomnieuses, ils étaient samedi dernier plusieurs centaines à répondre présent.


Leçon n°4 : La messe traditionnelle, un pont entre les diversités ecclésiales.

« Il y a diversité de dons, mais c’est le même Esprit ; diversité de ministères, mais c’est le même Seigneur ; diversité d’opérations, mais c’est le même Dieu qui opère en tous » 1 Corinthiens 12, 4-6

Alors que la polarisation est justement le mal à combattre, cette messe traditionnelle a offert un grand bol d’air de charité à toutes les composantes impliquées par cette célébration. Entre les communautés célébrant dans l’antique liturgie d’abord. Comme à l’occasion des messes pontificales célébrées lors du pèlerinage de Chrétienté à Chartres, la Fraternité Saint-Pierre, l’Institut du Christ-Roi, l’Institut du Bon Pasteur, pour ne citer que ces congrégations traditionnelles, se retrouvaient d’un même cœur pour accompagner le cardinal Burke à l’autel. Mais surtout, au plus haut de la hiérarchie, on a vu cinq cardinaux attester par leur venue leur soutien enthousiaste à la promotion de la messe de Saint Pie V. Le cardinal Burke, en tant que célébrant, bien sur, mais aussi le cardinal Zuppi, président de la Conférence des Evêques d’Italie, qui pontifiait les vêpres le vendredi soir 24 octobre. Jean-marie Guénois ne manquait pas de souligner que les accolades amicales et publiques du cardinal italien avec son homologue américain indiquaient un changement de climat. Ces gestes d’amitié de l’archevêque de Bologne n’avaient en tout cas rien à envier à ceux qu’il partageait avec Léon XIV lui-même, quatre jours plus tard, au pied du Colisée lors de la clôture de la Rencontre internationale de prière pour la paix. Autre prélat présent au pèlerinage, le cardinal Brandmüller, toujours aussi souriant et alerte et qui tenait absolument malgré ses ennuis de santé, à assister à la messe à Saint Pierre de Rome. Le cardinal Sarah, lui, s’était rendu la veille au colloque Pax Liturgica pour écouter notamment la conférence sur le pèlerinage Feiz e Breizh. Sa venue manifestait ainsi son intérêt pour tout le travail de mise en valeur du développement de la liturgie traditionnelle à travers le monde. Enfin le cardinal Simoni, Albanais de 97 ans et qui reçut la pourpre cardinalice des mains du pape François en 2016, condamné à mort sous le régime soviétique en 1963, peine finalement commuée en travaux forcés pendant près de 20 ans, a grandement impressionné l’assistance en prononçant la prière de délivrance à saint Michel au cœur de Saint-Pierre-de-Rome. Un moment fort comme des occasions pareilles savent en réserver !


Leçon n°5 : Une enquête escamotée

« Tu ne répandras point de faux bruit. Tu ne te joindras point au méchant pour faire un faux témoignage. Tu ne suivras pas la foule pour faire le mal ; dans ton témoignage, tu ne fausseras pas le droit. » Exode 23, 1-3

Lors des rencontres Pax Liturgica, il n’était pas possible de ne pas revenir sur le coup de tonnerre qui retentit à Rome lors du premier trimestre 2025 : à savoir, la fuite d’une information dont beaucoup déjà avaient pressenti la grande probabilité, l’enquête auprès des évêques du monde entier sur Summorum Pontificum et dont les résultats devaient justifier la publication de Traditionis Custodes en 2021, aurait été falsifiée. Loin de relever de la théorie du complot, Diane Montagna est revenue, preuves à l’appui, sur les ambiguïtés des conclusions de cette enquête. Sur les 3000 évêques du monde entier, 2000 ont répondu et une majorité d’entre eux a clairement exprimé le constat d’une pacification liturgique conséquente aux réformes entreprises par Benoît XVI.


Leçon n°6 : Le hight light de la messe basilique Saint-Pierre.

« Quand il revêtait ses vêtements de gloire et se paraît de sa splendeur parfaite, en montant au saint autel, il remplissait de gloire l’enceinte du sanctuaire » Le Siracide 50, 11

Le ciel sur la terre ! On ne compte plus les témoignages des participants à cette messe pontificale célébrée dans le rite séculaire de l’Eglise. Tous ont été ébahis, impressionnés, émus ou saisis. Les badauds et touristes ont instinctivement baissé leur voix, et parmi eux, ils furent nombreux à s’unir au recueillement de la cérémonie. Les voix du chœur de la basilique romaine de Sainte-Marie-aux-Martyrs, le grand art du cérémoniaire, le chant grégorien et l’intériorité du rite n’y étaient pas rien. Le service d’ordre de la basilique, bien que dépassé au départ devant le débordement de l’affluence qui avait été initialement prévue, s’est montré d’un dévouement exemplaire. Le cardinal archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, Mauro Gambetti, s’est montré avec l’organisation du pèlerinage d’une attention pleine de sollicitude et s’est réjoui de la tenue, à nouveau, de la liturgie antique dans la cathédrale. Sans aucun doute, les grâces divines qui se sont déversées lors de cette cérémonie compteront pour l’avenir.


Leçon n°7 : Summorum Pontificum, une référence en terme de concorde.

« Demandez la paix pour Jérusalem : “paix à ceux qui t’aiment ! ” Que la paix règne dans tes murs, la sécurité dans tes palais ! » Psaume 122, 6-7

Lors du sermon prononcé par le cardinal Burke et que nous avons publié dans notre lettre n°1293, sa voix calme laissait percevoir une détermination toute douce à rendre justice aux bienfaits spirituels de la liturgie tridentine. Point de revendications ou de piques amères, seulement le constat d’une messe séculaire qui fait du bien aux âmes. Un paragraphe, parmi d’autres, aura retenu l’attention des observateurs : « Ayant le privilège de participer aujourd'hui au Saint Sacrifice de la messe, nous ne pouvons nous empêcher de penser aux fidèles qui, tout au long des siècles chrétiens, ont rencontré Notre Seigneur et ont approfondi leur vie en Lui, grâce à cette forme vénérable du rite romain. Beaucoup ont été inspirés à pratiquer une sainteté héroïque, allant jusqu'au martyre. Ceux d'entre nous qui sont assez âgés pour avoir grandi en adorant Dieu selon l'Usus Antiquior ne peuvent s'empêcher de considérer comment cela nous a inspirés à garder notre regard fixé sur Jésus, en particulier dans la réponse à notre vocation dans la vie. Enfin, nous ne pouvons manquer de remercier Dieu pour la manière dont cette forme vénérable du rite romain a amené à la foi et approfondi la vie de foi de tant de personnes qui ont découvert pour la première fois sa beauté incomparable, grâce à la discipline établie dans Summorum Pontificum. Nous remercions Dieu que, grâce à Summorum Pontificum, toute l'Église en vienne à comprendre et à aimer toujours davantage le grand don de la liturgie sacrée telle qu'elle nous a été transmise, dans une ligne ininterrompue, par la Tradition sacrée, par les apôtres et leurs successeurs. Grâce à la liturgie sacrée, notre adoration de Dieu « en esprit et en vérité », Notre Seigneur est avec nous de la manière la plus parfaite qui soit sur cette terre. C'est l'expression la plus excellente de notre vie en Lui. Témoins aujourd'hui de la grande beauté du rite de la messe, soyons inspirés et fortifiés pour refléter cette beauté dans la bonté de notre vie quotidienne sous la protection maternelle de Notre-Dame. » Oui, se laisser transformer par la rectitude doctrinale et l’océan de sacré qu’offre la liturgie tridentine, voilà ce qu’en charité, nous pouvons souhaiter à notre prochain.

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