Notre lettre 1290 publiée le 22 octobre 2025
GROS SUCCÈS D'ARREBASTIR
PREMIER PÈLERINAGE TRADITIONNEL GASCON,
ACCUEILLI À LOURDES DANS LA PAIX LITURGIQUE

Le premier pèlerinage traditionnel des pays gascons (Armagnac, Béarn, Bigorre, Gascogne guyennaise, Lomagne, Marsan et pays de Dax, Pays Basque), Arrebastir ( Reconstruire en Basque ), lancé par un ensemble d’organisateurs efficaces dirigés par Jean-Baptiste Martel, a été un beau succès AMDG.
Il a bien failli ne pas avoir lieu. Il devait avoir lieu à l’origine en en Béarn et contre toute attente l'évêque de Bayonne, comme celui de Lyon, a exigé la messe nouvel ordo en latin, sans doute pour calmer les ardeurs ennemies. Mais il a été accueilli en Bigorre, à Lourdes, par Mgr Micas, évêque de Tarbes et Lourdes, sur le conseil de prêtres diocésains qui ont fait valoir la tradition d’« ouverture » des sanctuaires (tous les ans, pour le Christ-Roi, l’évêque autorise le pèlerinage de la Fraternité Saint-Pie-X). Il se trouve d’ailleurs qu’Arrebastir a coïncidé avec le pèlerinage du diocèse de Tarbes et Lourdes et aussi avec celui de la Contre-Réforme catholique.
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Un curé bigourdan n'est « pas étonné par l'accueil du pèlerinage traditionnel Arrebastir ici à Lourdes. On accueille tout le monde, on entend souvent le latin car c'est une langue qui unit les peuples, et il y a plusieurs églises sur le sanctuaire qui permettent d'accueillir plusieurs pèlerinages en même temps. Et puis ici c'est le plus grand centre de pèlerinage du monde [en France et en Europe c'est certain], on est dans un lieu de l'Eglise universelle où il est inconcevable de ne pas accueillir des chrétiens, quels que soient leur origine, langue, rite. » Le sanctuaire de l'authentique todos todos todos existe bien : c’est celui autour de la Grotte de Lourdes, dans les églises duquel, tous les jours en toutes langues et rites on chante la gloire du Seigneur. Et désormais aussi en gascon et en latin, comme on le faisait jadis.
Ont ainsi marché de Montaut, à la limite du Béarn et de la Bigorre à Lourdes, le dimanche 19 octobre après s'être retrouvés la veille pour une veillée, un bivouac et la consécration de leur association au Sacré-Cœur, près de 500 marcheurs – ce qui ‘est pas mal pour une première édition et une communication réduite - sous les bannières des chapitres des pays gascons fleuris de leurs drapeaux locaux et de bannières de saints.
Chantant dans les diverses variantes du gascon, pèlerins d'espérance - comme la devise de l'année jubilaire, venus principalement du Béarn, de Bigorre, de la Lomagne, de l’Armagnac, des Landes gasconnes, ils entendent aussi relever la culture gasconne quelque peu silenciée ces dernières décennies (ou écrasée par l’Occitanie toulousaine), minée de surcroît par une déprise démographique et industrielle assez nette - la région, point d'arrivée de la diagonale du vide qui va des Ardennes en Ariège, est plombée par une seconde diagonale, marquée par l'importance de la précarité au travail, de la déchristianisation et des métiers saisonniers, des Charentes à l'Aude.
La messe a été célébrée dans un bel effort d'union des communautés par l'abbé Cayla (FSSP, chapelain à Lourdes), l'abbé Quinquis de l'IBP comme diacre et le chanoine Parant de l'ICRSP comme sous diacre et ce dans la merveille néo-gothique de la basilique supérieure de Lourdes, l’une des deux cathédrales du diocèse (avec celle de Tarbes), pleine à craquer, avec une assistance très jeune. Il faut noter la présence d’une dizaine de prêtres qui ont participé au pèlerinage et assuraient les confessions, et souligner que plusieurs diocésains en faisaient partie qui ont fortement soutenu le pèlerinage. Et puis il y avait deux jeunes filles de Dax montées sur des échasses, ainsi que beaucoup de pèlerins en habits locaux traditionnels, avec le fameux « béret basque » (en fait béarnais).
Rendez-vous a été donné aux pèlerins l'an prochain, « mais s'ils sont plus nombreux ce qui est probable, ils auront peut-être une église disons plus fonctionnelle - l'attribution se fait en fonction du nombre attendu de fidèles, et c'est comme ça que la FSSPX qui sont 10.000 héritent chaque année de la basilique souterraine, gracieuse comme un parking mais très contenante », prévient un habitué des sanctuaires venu assister à la messe, « pour la beauté du rite ».
Il n'est pas le seul - comme cette famille de la localité basque de Mauléon-Licharre, venue assister à la messe avec ses quatre enfants - il y aura du monde pour porter haut et fort l'ikurrina - l'étendard basque - dans les prochains pèlerinages - ou ces jeunes mariés de Bordeaux qui connaissent des pèlerins marcheurs. Où ce jeune homme, qui ne croit plus, mais comme il connaît des marcheurs, assiste à la messe.
Pour certains marcheurs, c'est leur premier pèlerinage, « et bien que mes pieds sont en feu, je signe pour l'année prochaine », promet un bordelais, qui trouve que « ça m'a décidé à descendre à Compostelle, ou au moins commencer le chemin ». Un autre jeune homme, venu des confins de l'Ariège trouve « génial qu'on ait l'occasion d'avoir à la fois ici même une manifestation culturelle locale et pour la Foi. Jusque-là j'allais à Feiz e breizh et à Chartres mais sans mes enfants cette-fois-ci ils sont venu avec moi et avec leurs cousins"
C'est d'ailleurs le pèlerinage traditionnel breton qui a inspiré les Gascons, et pas que. La Bretagne, comme ses phares dans la mer déchaînée, comme d'habitude, éclaire le chemin.
Des pèlerins d'Auch, Rodez, Auros et autres petites dessertes de la Tradition dans le Sud-Ouest trouvent « bien que ce pèlerinage nous fasse côtoyer des gens d'autres paroisses traditionnelles et nous sorte un peu de notre isolement relatif au milieu de territoires de plus en plus déchristianisés. À Pau, Bordeaux, Toulouse, il y a plusieurs communautés traditionnelles et malgré leurs sensibilités différentes elles s'épaulent les unes les autres. Nous on se sent un peu seuls au milieu du désert ex-catholique. »
A la sortie de la basilique, un petit groupe de mères de famille Toulousaines. « Quand on vient en Bigorre, on se revigore. C'était à la fois un pèlerinage très priant et qui donne envie d'annoncer la bonne nouvelle, de bousculer ceux qui ne sont pas venus et ont préféré leur canapé. » Pour ce Palois, « c'est une belle expérience spirituelle pour notre famille et nos enfants, on reviendra. En un mot, Deo Gratias ! »