Notre lettre 801 publiée le 7 juin 2021

AUJOURD'HUI A DIJON, DEMAIN PARTOUT ?

L'AUTISME DE L'EGLISE DE FRANCE

Depuis quelques jours des rumeurs l’annonçait, puis la presse s’est emparée du sujet et la situation aujourd’hui semble claire : Monseigneur Roland Minnerath évêque de Dijon tente de mettre à mort, avec ces moyens déloyaux, habituels à un certain nombre de nos pasteurs, la communauté traditionnelle de la capitale de la Bourgogne. Nous avons sollicité l’avis de Raymond Pierre, né à Marcilly-sur-Tille, et qui après avoir vécu de longues années en Bourgogne en connait bien la situation.


Paix liturgique : Cher Raymond que se passe-t-il à Dijon ?

Raymond Pierre : D’abord les dernières gesticulations d’un évêque vieillissant (il aura 75 ans le 27 novembre prochain). Ce qui signifie que sa décision de mettre à mort la communauté traditionnelle de Dijon est celle d’un partant qui est déjà pratiquement démissionnaire de sa charge, et non celle d’un pasteur en train de gouverner paternellement son diocèse.


Paix liturgique : Qu’est-ce que cela signifie ?

Raymond Pierre : Qu’il faut voir dans cette décision non pas celle du pauvre Mgr Minnerath, qui est évêque de Dijon depuis 2004 c’est-à-dire depuis 17 ans, car il aurait pu prendre cette décision depuis longtemps, si elle émanait bien de lui. C’est d’ailleurs un évêque « classique », plutôt conservateur. Je fais l’hypothèse que le groupe de pression des ennemis de la Paix dans l’Église toujours aux manettes dans l’Église de France est aujourd’hui à la manœuvre pour réduire au maximum la place des communautés traditionnelles du paysage catholique français.


Paix liturgique : Mais il ne s’agit que de Dijon dans cette affaire.

Raymond Pierre : Vous me semblait bien naïf… Ce qui se passe à Dijon aujourd’hui est comme un coup d’essai, car si les ennemis de la Paix réussissent à y mener à bien leur vilaine manœuvre, ils la tenteront bientôt ailleurs. Et c’est pourquoi ils espéraient faire leur coup en douce. Ils veulent en effet s’attaquer au monde traditionnel par sections.


Paix liturgique : En fait refaire le coup d’Horace avec les Curiace...

Raymond Pierre : …Oui tout à fait, le dernier Horace divisant ses ennemis par la ruse et les tuant les uns après les autres. Briser les communautés l’une après l’autres en espérant que ne se lève jamais un front uni de la colère et du droit, en bref une authentique résistance. 


Paix liturgique : Mais existent-ils ces « ennemis de la Paix dans l’Église » ?

Raymond Pierre : Je vous accorde volontiers qu’aujourd’hui ils se font plus rares et sont pour la plupart plutôt vieillissants à la manière de Mgr Minnerath, néanmoins ils sont comme je le disais il y a un instant encore aux manettes, à la Curie romaine et au sein de la Conférence des Évêques de France et à ce titre ils disposent encore d’un certain pouvoir, je dirais « légal » et parfois « subventionné », pour rester aux ordres comme l’est le quotidien La Croix, qui relaye toutes ces pathétiques tentatives


Paix liturgique : N’exagérez-vous pas ?

Raymond Pierre : Comment pourriez-vous en douter… Il suffit de se souvenir de la synthèse des réponses des évêques à propos de Summorum Pontificum que vous avez dévoilée et commentée dans vos Lettres 780, 782, 784, la CEF espérant qu’elle soit reçue, jusqu’à Rome, comme l’expression de la pensée de l’épiscopat français.


Paix liturgique : Car ce n’est pas le cas ?

Raymond Pierre : Cette synthèse, qui d’ailleurs n’a ultérieurement été assumée par personne, est née dans ce bouillon de culture des ennemis de la Paix qui voulaient une fois de plus masquer l’importance du réveil catholique traditionnel en France ! Ce document était un laborieux montage, dans un esprit clairement orienté, à partir des réponses des évêques. C’est une énième tentative des derniers défenseurs des stratégies anciennes pour mettre à mal le monde traditionnel en pleine expansion et de plus en plus vivace et missionnaire


Paix liturgique : Et comment cela ?

Raymond Pierre : Très simplement et comme toujours en caricaturant la vérité – assemblées entre 20 et 70 personnes, disait la synthèse ! pauvreté des homélies ! formation dans les séminaires traditionnels indigentes ! – et en refusant de voir la réalité des situations.


Paix liturgique : Que va-t-il se passer ?

Raymond Pierre : Ce que personne n’aurait souhaité au moment où l’Église traverse une des crises les plus graves de son histoire : l’émergence d’un grand mouvement de protestation médiatique pour faire savoir au monde entier que les ennemis de la Paix repartent en guerre.


Paix liturgique : Vous y croyait donc à cette révolte des Amis de la Paix ?

Raymond Pierre : Ce n’est pas la question d’y croire ou de ne pas y croire mais de constater sa réalité : depuis deux jours les réseaux sociaux s’enflamment, les articles dénonçant la manœuvre se multiplient et ce n’est qu’un tout début car maintenant ce sont les fidèles eux-mêmes qui font connaitre le mépris dont ils sont l’objet. Car il faut le voir ainsi ce sont d’abord les fidèles, les familles et tous ceux qui ont ces besoins spirituels qui sont principalement visés. 


Paix liturgique : Comment voyez-vous la suite de ce scandale ?

Raymond Pierre : Comme toujours la Paix ne pourra s’instaurer qu’après que les remous se soient apaisés et que s’instaure enfin un authentique dialogue réaliste qui tiendra compte de la situation actuelle celle de milliers de familles et de jeunes qui veulent vivre authentiquement leur foi catholique loin, très loin des délires dont souffre l’Église depuis un demi-siècle.


Paix liturgique : N’êtes-vous pas optimiste ?

Raymond Pierre : Je conserve surtout l’espérance chrétienne, mais humainement celle-ci doit s’incarner dans le désir du dialogue et dans la loyauté, deux caractéristiques très étrangères à ceux qui sont à la manœuvre dans l’Église de France. Et malgré eux, contre eux, il y a des signes d’espoir.


Paix liturgique : A quoi pensez-vous ?

Raymond Pierre : Je pense au fait que la vérité éclate : ainsi ces dénonciations de la faillite de la réforme de l’Église en général et de celle de la liturgie en particulier par des personnalités aussi différentes que Jean-Marie Rouart (Ce pays des hommes sans Dieu, Bouquins, 2021) et Patrick Buisson (La fin d’un monde, Albin Michel, 2021). Et dans un tout autre registre, plus positif, je pense à un magnifique ouvrage, plein de foi et d’espérance de François Bustillo, dont je termine la lecture, La vocation du prêtre face aux crises. La fidélité créatrice (Nouvelle Cité, 2021), qui dans huit jour sera le nouvel évêque d’Ajaccio, un siège auquel le pape François vient de le nommer.




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